Ho... hé... du bateau...

Publié le par Yohann ABIVEN

On ne voit pas la ville à cause des maisons. Parce qu’avec Michel Jonasz,

« On allait au bord de la mer
Avec mon père, ma sœur, ma mère
Et quand les vagues étaient tranquilles
On passait la journée aux îles
... Sauf quand on pouvait déjà plus.
Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l'eau
On avait l'cœur un peu gros
Mais c'était quand même beau. »

Ca risque justement de ne plus être beau. Parce que des bateaux, on en verra toujours passer, mais des bateaux français, ça non. Ne m’appelez plus jamais France, a dit un responsable de la CGT des chantiers de l’Atlantique, chantiers rachetés par une grande entreprise norvégienne. La Norvège, c’est bien connu, c’est le parti de l’étranger, peu importe si politiques de droite comme de gauche vantent son fameux modèle social. Toute performante qu’est la Norvège, ça reste les autres, et le bateau est au Norvégien ce que la plomberie est au Polonais. Se séparer des chantiers de l’Atlantique, c’est, selon ce syndicaliste entendu à la télévision, dépouiller un peu plus le patrimoine national, livrer notre industrie au capital apatride et cosmopolite, titaniquiser la France.

 

 

Cette alliance, c’est pas que beau, disait un leader syndical de la CFDT des Chantiers de l’Atlantique. Ce mariage, c’est l’amour en mer et c’est… ce qu’elle préfère ! De cette union, naîtra un très puissant groupe industriel sérieux et solide comme un Viking, une assurance de sauvegarde de cette industrie en Europe et peut-être, grâce à l’engagement syndical, une occasion de penser une politique économique et sociale à l’échelle du continent car, sinon

« On prendra Concarneau pour la baie de Rio.
Et comme disait l'Amiral qui n'était pas un sot,
il vaut mieux avoir le mistral que le sirocco.
Et pour saluer d'autres bateaux une sirène c'est trop.
Quand on croisera un gros paquebot, tu prendras ton pipeau. »

Qu’est-ce qui distingue un homme du passé de l’homme de notre temps ? Et bien, c’est qu’en face des problèmes globaux, l’homme du passé verra des solutions locales quand l’homme de notre temps dira qu’il n’existe pas de solution locale aux problèmes globaux. Le premier sera social-nationaliste quand le second sera internationaliste. Le premier dira : « Il ne fallait pas admettre dans l’Union européenne des pays si peu développés que ceux de l’Est qui ne savent que voler le pain des Français », quand le second dira : « On ne peut pas fermer la porte à nos frères de l’Est car c’est avec la vieille Europe que ces pays arriveront au niveau des vie des Français. On résoudra mieux les problèmes ensemble. » Ensemble ? Le mot est rouillé comme un tanker.

Europe était fille d’Agénor, roi de Phénicie. Devenue une vache, elle fut enlevée en Crète par Zeus (déjà la mer…) et, justement, un jour, c’était devenu un projet… vachement culotté. Depuis, c’est un bateau ivre, un navire sans capitaine que les Chantiers de l’Atlantique, même sous pavillon norvégien, n’oseraient pas faire naviguer. En mai dernier, on a voulu faire revenir l’Europe dans la France et ce qu’on a fait, c’est juste la ramener

« Vers le port du Havre et les baraques
Et les cargos lourds que l'on rafistole
Et les torchères, les grues patraques
Les citernes de gasoil. »

Europe enfanta Minos qui devint l’un des trois juges des Enfers. Au moins un qui ne perd pas son boulot à cause de l’Europe.

 

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article