Sauver l'Europe ? Comment ?

Publié le par Yohann ABIVEN

Chers amis,
 
Vous me direz, je suis peut-être haineux (pas contre DSK..., c'est bien entendu, hein?).
 
J'ai lu attentivement la contribution de D. Strauss-Kahn et alii leaders de la gauche européenne et je dois vous avouer que ce papier me laisse un goût un peu amer. Je ne m'y oppose moins que je le trouve franchement maladroit.
Je rejoins les conclusions programmatiques, comme je pense avec ces auteurs que la volonté politique en Europe s'est tarie : "Nous avons créé une zone économique intégrée, mais nous ne la gérons pas et, partant, nous ne valorisons pas ses potentialités". Nous nous trompons d'échelle dans le monde globalisé, c'est évident.
 
Cependant deux points me chagrinent et m'incitent à penser que décidément, nous qui fumes pour la plupart des partisans du Oui, nous avons la défaite honteuse. On voudrait reconnaître la validité des arguments nonistes qu'on ne s'y prendrait pas autrement, nos auteurs appellent cela "tirer les leçons des "non" populaires". Mais entre tirer des leçons et admettre aujourd'hui les extravagances verbales que l'on dénonçait hier, il y a un fossé qui est peut-être en train d'être franchi.
 
La réflexion proposée exagère. Elle exagère, mais c'est l'élément le plus anecdotique, en faisant des "citoyens européens" de gentils boys-scouts prêts à grimper dans les arbres pour regarder l'horizon. Je trouve curieux de considérer que le travail institutionnel ne fait émerger aucune "conscience européenne". Quant à l'Europe économique, c'est bien connu, elle ne produit que des requins de la finance. Un projet est au contraire démocratique s'il met la citoyenneté partout, c'est-à-dire la capacité à délibérer des affaires communes dans tous les cercles sociétaux.
 
Plus grave, la réflexion exagère en (re)faisant de l'Europe la cause de tous nos malheurs, un monstre froid dépeceur de toutes nos protections. C'est vrai parfois, mais comment généraliser une pareille analyse sauf à brûler les chemises mouillées de la gauche (ce qui ne sera pas évident...), de cette gauche qui a voulu une Europe solidaire et humaniste. Il faut reconnaître que l'Union européenne est protectrice sur bien des questions, qu'elle a pu au contraire inciter, obliger, des Etats comme la France à bouleverser son arsenal juridique et à accroître par exemple la protection des individus et de l'environnement. Quid du développement durable sans Bruxelles-Strasbourg ? Quid de la qualité de l'eau en Bretagne ? Je sais qu'évidemment si on avait laissé le législateur national faire, on ne saurait même plus ce que c'est qu'un nitrate, mais tout de même...
 
Certes, "nous devons bâtir l'Europe-providence du XXIème siècle, qui émancipe et qui protège". Mais pour cela, expliquons d'abord les bénéfices apportés par l'Europe telle qu'elle est (bizarrement, personne ne parle de la CJE, sa jurisprudence n'est sans doute que poison libéral. Regardons tout de même...) pour ensuite l'imaginer telle qu'elle devrait être. L'union n'est pas si indigne que ce que certains ont presque réussi à nous faire croire. La table-rase n'a jamais apporté grand'chose dans l'histoire.
 
L'Union n'a que faire ces temps-ci des Pangloss et Torquemada. Sauvons l'Europe ne devrait être ni l'un ni l'autre.

Publié dans Parti socialiste

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C
Puisque la politique vous intéresse, pour une vue décapante de l'actualité, rendez vous sur LibreCours, le blog de Candide http://librecours.over-blog.com
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