Ce serait le Pompon !

Publié le par Yohann ABIVEN

On ne voit pas la ville à cause des maisons. Parce qu'on achève bien les chevaux, et qu'on achève pas bien les bateaux. Le Clémenceau, notre Clémenceau, ce petit bout de France à la dérive, va rejoindre les navires de légende. Qu'il est bien nommé notre Clémenceau. Il ne se résigne pas à mourir le tas de ferraille, comme le grand homme en son temps. Il fallait, disait le Tigre, "tenir", quelqu'en fût le prix. Le bateau tient toujours, et on sait que le prix sera élevé. Pourquoi un bateau ne ferait-il pas de vieilles eaux? Le Clémenceau, c'est même plus qu'une légende, c'est carrément une philosophie, ou plutôt l'illustration grandeur amiantée, que, comme disait à peu près Clausewitz, la paix est la continuation de la guerre par d'autres moyens. Pauvre rafiot privé de ses canons au moment de la bataille. La France n'a décidément pas de chance avec ses expéditions dans ce coin là de l'Asie. Mais que va-t-on faire du Clémenceau? Brest, la cité du Ponant pas peu fière du Charles-de-Gaulle, pas peu embarrassée par l'autre enquiquinant. Je propose qu'on fasse du machin un sanctuaire, un lieu de recueillement, une sorte de temple à l'éternité de la vieille-France. Sur le Clémenceau, on retrouverait les habitudes d'antan : un pays puissant, unanime, souverain, arrogant à l'occasion, pas encore perturbé par ces histoires de droit international, d'environnement ou d'opinion publique mondialisée. Hors du Clémenceau, des envahisseurs ou des colonisés, c'est un délicieux sentiment que remémorerait ce radeau de la méduse des temps modernes, aussi délicieux que la Dame aux Camélias dont le charme redoublait à mesure de l'extinction. Ce serait comme réussir avec le Clémenceau ce qu'on a râté avec le France, le paquebot. Le Clém., on l'appellera toujours France, mais on sera les seuls....

 

 

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