Chauffeur, si t'es champion, va donc à D___TH__N...

Le petit magasin Décathlon de derrière le McDo de Saint-Grégoire a laissé la place à un discount d'électronique. Cela fait déjà pas mal de temps, j'en conviens, mais mon rapport avec le sport se résume au régime avec selle, et c'est bien tout. Me voici donc conduit à Décathlon pour une histoire de deux roues, et comme j'habite du coté ouest de la ville, je me transporte vers la "zone artisanale et commerciale" (y'aurait comme un adjectif de trop...) du nord, du très grand nord désormais. Car Décathlon, c'est dépassé. Place au "Village de la forme", cette fois à Betton, entre deux vaches, mais avec au milieu un restaurant biologique, en bois comme il se doit, avec tout autour des tas de mises en garde inquiétantes : nous ne vivons guère durablement et un jour on va en payer le prix. Autour de ce havre à bons produits sains de nos campagnes - les vraies, pas celles chimiques, empoisonnées et productivistes -, une vaste étendue de places de parking. Car ne songez surtout pas à aller à vélo déguster toutes ces bonnes choses, les pistes cyclables se terminent en caillasse à mi chemin et avant c'est presque une quatre voies assez peu accueillante pour le défenseur des petits oiseaux. Et puis à côté, au magasin de sport, et bien pas moyen non plus d'y aller, autrement qu'en voiture, et même, pour ce que j'en ai vu, en grosse voiture. C'est toute notre époque que ce "Village de la forme" : des propriétaires de 4x4 qui viennent acheter une salle de sport à monter chez eux ou bien les dernières chaussures de randonnées, parce que tout de même rien ne remplace le bon bol d'air. Comme dit Sempé, qui aurait pu, qui a déjà, dessiné cette histoire, "nos actes non contents de nous suivre, nous précèdent pour nous empêcher d'avancer" ("L'Ascension sociale de M. Lambert", Paris, Denoël, 1975, p. 69).