La grande oubliée

Publié le par Yohann ABIVEN

Tous ces gens rassemblés place de la mairie samedi dernier étaient venus pour voir le défilé et pas, comme le dit la chanson, pour se faire emmerder. Je suis pourtant tenté d'em… d’émettre quelques réserves. Pas sur le bel ordonnancement des troupes, pas sur les belles mécaniques à deux roues, pas non plus sur les beaux instruments qui rangent décidément au musée celles et ceux qui disent partout que deux mots se refusent au qualificatif militaire, le premier étant musique et... chacun imaginera l'autre. Nous avons eu aussi droit à un beau défilé, utile pour se souvenir et témoigner de ce lien toujours à consolider entre la nation et l’armée désormais professionnelle de la République. D'autant plus que nos militaires pourraient bien être sous peu encore plus étroitement associés à la préservation du lien social. Le rappel du bleuet était précieux, car pour nos générations, le bleuet c’est la fleur fragile qui pousse « quand il est mort le poète ». Et, faut-il ajouter, quand ils sont partis les Poilus. Car c’est tout de même un peu grâce aux Poilus qu’il y a des poètes car sans Poilus pas de liberté et sans liberté pas de poètes. Les combattants alliés de la Première Guerre mondiale sont morts pour que nous vivions libres et on sait qu’il a fallu un second conflit, puis une troisième guerre, froide celle-là, pour asseoir la démocratie et la faire à peu près universelle à l’échelle du continent européen. C’est au fond ce qui fut rappelé samedi place de la mairie par les Anciens Combattants. A Verdun, « 300 000 hommes perdirent la vie : 163 000 étaient français, 143 000 allemands ». Il faut prendre conscience de ce que désormais, heureusement, nous pouvons dire au moment du 11 novembre. On ne compte plus les morts qu’à l’Ouest de la ligne bleue des Vosges parce que l’histoire, le sacrifice des soldats, le courage des hommes d’Etat et la mobilisation des citoyens d’Europe ont rendu bien vaines les lignes Maginot. Pourquoi alors ne pas faire un pas, cadencé, de plus ? Pourquoi ne pas pavoiser la place de la mairie de drapeaux européens si, de nos jours de paix, le bleu de l’Europe rejoint celui des bleuets ? Et s’il n’y avait pas de régiment venu d’un des Vingt-Cinq samedi place de la mairie, les motos du peloton de gendarmerie, elles, étaient bleues et allemandes. C’est un début…

 

 

 

Publié dans Ceux qu'on a oublié

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